La France aime l'Afrique

On connaît l'amour (pas l'appétit) que la France nourrit envers l'Afrique. Si vous ne l'avez pas encore vu, nous vous encourageons à assister au spectacle "ELF, la pompe Afrique", de Nicolas Lambert, ou à acheter le DVD. Nicolas Lambert y décortique de la façon la plus désopilante qui soit les mécanismes qui ont fait de ELF une annexe de l'Elysée alors même que les présidents de la république se succédaient, de droite et de gauche. Comme quoi les affaires restent les affaires...

Moins désopilante, l'implication de la France dans le génocide du Rwanda. Dernièrement, le Rwanda a rompu ses relations diplomatiques avec la France, ce qui donne l'occasion au Ministère des affaires étrangères français de se fendre d'un commentaire laconique : "Nous regrettons cette décision".

Pendant ce temps, Colette Braeckman, du journal Le Soir (Bruxelles), relate ce qu'elle a vu au Rwanda ces jours-ci (lu dans Courrier International, N° 842-843). Il se trouve qu'au Rwanda une Commission d'enquête indépendante consacrée à l'implication de la France dans le génocide auditionne les gens. Et les gens parlent. Les gens, sont-ils génocideurs, sont-ils génocidés, peu importe. Ce qu'ils ont fait relève de la justice, et celle-ci est manifestement en oeuvre en ce moment.

Lu sur le blog de Colette Braeckman : Les professeurs d’histoire étaient des militaires, mais, assure le témoin, « les Français n’étaient pas loin : le sergent rwandais prenait ses ordres chez eux, ils avaient un petit bureau dans le camp même. Et le week end, on les retrouvait au bar de l’hôtel Tam Tam à Gisenyi. »

Colette Braeckman poursuit en évoquant d'autres témoins qui tous pointent du doigt la France : "Nous apprenions à tuer, avec nos mains seulement". Les soldats français ne sont évidemment  jamais intervenus directement pour attiser la haine, des instructeurs du Département d'assistance mimitaire à l'étranger se contentaient d'apprendre aux recrues le maniement du mortier. Entre deux exercices, leçon d'histoire : " les Tutsis sont les ennemis héréditaires des Hutus, ils veulent pour revenir et diriger le pays. Comme ils sont rusés, -de vrais serpents-, la vigilance s’impose. Les infiltrés doivent être démasqués et abattus sans pitié…"

L'aide française ne s'arrête pas là puisqu'une fois les massacres perpétrés, l'armée française aide les génocideurs à fuir, jusqu'à utiliser un avion de l'UNICEF pour livrer des armes ...

Les civils quant à eux racontent leur histoire où l'ombre des soldats français plane : larguage de civils depuis des avions au dessus de la forêt de Nyungwe, intervention de "sauveurs" venus de France qui livrent des femmes à leurs domestiques ou se servent eux-mêmes...

Les témoins n'ont pas fini de parler, et la commission doit encore se déplacer pour auditionner avant de publier son rapport.