Trésors engloutis d'Egypte

15 février 2007

Depuis le 9 décembre et jusqu'au 9 mars 2007 se tient une expo au Grand Palais sur l'expédition de Franck Goddio en Egypte. On se dira qu'une nouvelle fois, on va voir une expo sur l'Egypte des Pharaons et tutti quanti. Oui, certes, mais celle-ci est particulière : tout ce qui est exposé vient des fonds... sous-marins.

Il paraît donc qu'un tas de villes égyptiennes ont disparu lors de tremblements de terre, tsunamis et autres caprices de la météo. Héracléion, Canope, le Grand port d'Alexandrie sont sous les eaux depuis 1200 ans. Des expéditions se sont succédées depuis environ soixante dix ans pour aller y voir de plus près. La dernière en date a ramené de quoi aménager une expo au Grand Palais, paraît-il.

Parce que franchement, on s'interroge à voir le bazar. Expo ? Promo ?

Le Grand Palais, c'est un truc énorme avec quelque chose comme 50 mètres de hauteur de plafond tout en verre, un espace gigantesque et magnifique. Or, l'expo est organisée dans un couloir artificiel fait de murs en plastique hauts de 3 mètres. Cela crée un espace sans plafond du plus mauvais goût puisque de toutes parts on voit le gigantisme du palais sans en profiter un seul instant.

Par ailleurs, l'expo montre les objets venus du fond des eaux entre deux écrans qui diffusent la magnifique aventure de l'expédition sponsorisée par la Fondation MachinTruc. Ce n'est pas qu'on en veut à MachinTruc de financer l'affaire, c'est même plutôt bienvenu d'aider les arts et les chercheurs. Mais on verra plus loin que MachinTruc pousse un peu loin le bouchon. En attendant, on se tape des quasi-publicités à longueur de vitrines. Lesquelles se révèlent assez décevantes quand on a vu les autres expos consacrées à l'Egypte antique. Il y a de ça deux ans, l'Institut du Monde Arabe a organisé comme ça un truc sur Pharaon. Extraordinaire, formidable malgré le monde et la chaleur.

Ici, ni chaleur ni vraie foule, juste une impression de manque. On voit des cartes, des maquettes de lieux, évidemment des objets mais on n'est pas rééllement dans le sujet, tant nos yeux sont attirés vers le haut, vers cette foutue verrière et ses supports art-déco.

On peut donc légitimement mettre en cause la scénographie (Philippe Délis pour la société Intégral ie-production, c'est bon à savoir pour les prochaines réalisations de ce monsieur). On peut aussi s'interroger, mais là personne n'est en cause, sur la présence de nombreux enfants en poussette (authentique !) que des parents inconséquents traînent dans des endroits où les marmots n'ont rien à faire. On suppose que le soir, les gamins finissent en boîte...

Bon, quand même, deux-trois points positifs. Une statue de femme, ciselée dans du granit noir. Une pure merveille, magnifiquement éclairée. Le corps nu de la femme est recouvert d'un voile dont on devine, plus qu'on ne les voit, les plis ; on resterait des heures à admirer ce bloc de pierre puisque évidemment, corps et voile sont sculptés et font partie d'un seul bloc de pierre.

Autre beauté, impressionante par son caractère massif, trois statues hautes de cinq mètres qui représentent un couple royal flanqué de Hâpy, dieu du Nil. L'aspect majestueux de l'ensemble force le regard à détailler chaque statue.

Sur le chemin qui mène à la sortie de l'expo, on tombe sur quelques tentes où on fait la promo de la fondation MachinTruc et on constate que celle-ci n'a pas les deux pieds dans le même sabot puisqu'elle envisage de faire en Egypte, sur les lieux mêmes des découvertes, un musée sous l'eau (fallait donc laisser quelques pièces là-bas...) entouré on suppose d'hôtels, casinos et autres endroits propices à la culture.

Voila donc pour une expo sympa puisqu'on y est allé Martine et moi, avec nos amis Ginette et Jean-Pierre, sympa aussi parce qu'on a bien rigolé ensemble, sympa parce qu'on a pris un bon café (ou chocolat selon les goûts) après l'expo, mais pas à cause de l'expo.

Dont acte.

C'est Philippe qui a rédigé ce texte.

Posté par Chez Martine à 17:31 - Commentaires […] - Permalien [#]