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Le blog de Martine
3 août 2007

Lundi

SL700254Nous arrivons à Saurat, après être passés à côté de Foix qui se contourne depuis quelques années par un tunnel mesurant plus de 2 km orné façon StarWars de lumières fatiguantes pour les yeux. La pluie a cessé un peu après Toulouse et nous pouvons enfin profiter du paysage. Saurat est dans la vallée, quelques dizaines de maisons pelotonnées l'une contre l'autre pour résister aux hivers rudes. Chacune est équipée d'une porte donnant sur l'extérieur, logique. Elles sont quasi toutes ouvertes cet été, il fait chaud, et on voit une autre porte, dans les maisons, qui font comme un sas. On apprendra plus tard que cela protège l'intérieur en hiver. Il en va de même pour un appareillage en métal qui fait comme une marche en pente et qui se pose devant chaque porte de maison. Cela empêche la neige de bloquer la porte durant l'hiver. Nous sommes là en plein juillet, inutile de dire que le mois de décembre doit donner une autre tête au village.

On avait convenu avec Miquette de téléphoner lors de notre arrivée à Saurat. Rendez-vous est pris au café derrière l'église et nous attendons. En attendant, nous observons les environs, montagne à droite, à gauche, devant, derrière. Pas de doute, nous sommes en altitude. Miquette et Didi arrivent, nous reprenons la route après les embrassades d'usage. Un signe que nous ne sommes pas en Belgique côté topologie, Miquette nous demande si nous sommes prêts pour l'escalade. Inconscients, nous disons que oui.

La veille, le Tour de France est passé sur la route qui relie Saurat au Col de Port. Le bitume est parsemé d'inscriptions peintes à la hâte, c'est l'occasion médiatique rêvée pour les bergers de protester contre la présence de l'ours dans cette région. Nous apprendrons un peu plus tard que nous sommes en plein sur le territoire de ce prédateur. Inutile de polémiquer sur ce sujet, nous n'y connaissons rien. Jeudi prochain, nous dînerons au Col du Port et nous assisterons au début d'une réunion de bergers en lutte contre l'ours.

Nous suivons donc leur voiture et l'ascension commence. Nous commençons par une route limitée à 70 km/h, puis nous passons Prat Communal et là, ça zigzague dur. Puis, nous quittons la route pour aller vers Fourc en empruntant un chemin macadamisé mais peu propice au doublement. Il nous arrivera de tomber nez à nez avec une autre voiture, ce sera sportif. Les virages en épingle à cheveu permettent rarement de dépasser les 30 ou 40 à l'heure.

Enfin, nous arrivons là où l'on gare les voitures. Nous sommes en pleine montagne, le paysage est féérique, perdu dans les arbres, le rêve d'un Robinson en quête de solitude : une maison face à nous, et au delà les forêts de sapins, frênes et bouleaux. Ce n'est pas là que nous allons, il y a encore un peu de marche sur un sentier pentu pour arriver chez nos amis. Hardi, Didi prend notre sac le plus lourd, nous nous répartissons le reste. Bon, ce n'est pas loin à pied. Vous remontez quelques mètres la route, puis vous prenez sur votre droite ce chemin dont vous ne soupçonnez pas l'existence si vous passez en voiture, vous montez quoi ? Cinquante, soixante mètres ? On ne compte plus quand on est au paradis, et vous découvrez un amour de maisonnette, toute en pierre, toute en tendresse, toute en charme. Rien à faire pour la prendre en photo, elle est plantée là dans la montagne, même en hélico on ne verrait rien.

On ne connaît l'histoire de cette maison que par bribes, c'est tant mieux car cela ressemble bien à leurs occupants, discrets, sensibles et pudiques. A la base, nous sommes dans une grange où il y avait des animaux, à 1000 mètres d'altitude. La maison est enterrée sur trois côtés, c'est dire le pourcentage de la pente ! Quand ils l'ont reprise, pas grand chose ne tenait debout, il a fallu tout refaire, et ils l'ont fait. Sans engin, sans grue, en une bonne vingtaine d'années, ils ont réussi à bâtir un havre de paix où nous avons eu le privilège de passer une semaine.

Il est environ 18h et nous nous installons. C'est vite fait, la maison compte une grande magnifique pièce au rez-de-chaussée et deux chambres avec une salle de bains au premier. On peut entrer dans la maison par le rez-de-chaussée ou par le premier, selon qu'on aime monter ou pas.  Vu l'environnement, il vaut mieux aimer. Au delà et en montant, la pente permet d'aller vers la maison de Michel et Ria, que nous irons visiter d'ici deux jours. La maison est fraîche de par sa situation et une cheminée s'imposait. C'est Didi qui l'a dessinée et un entrepreneur de la vallée qui l'a réalisée, elle a fonctionné chaque fin d'après-midi et Phiphi a même eu le privilège de l'allumer vers la fin de notre séjour, signe sans doute d'une confiance sans borne de Didi, ou de son désir de faire faire aux autres ce qu'il pourrait faire lui-même, au choix.

On se moque mais il convient de réaliser que :

  1. La pente est raide.

  2. Les magasins sont loin.

  3. Les bras ne sont pas nombreux.

Une telle maison, charpente, tuiles, escalier, etc. n'est pas évidente à monter, sans parler de l'eau courante (au robinet ! sachant que la source ne jouxte pas la maison !!) et de l'électricité, du téléphone et autres broutilles auxquelles nous sommes habitués en plaine et du côté de Paris...

Comme nous sommes aveugles, Didi et Miquette attirent notre attention sur la Pierre Bleue, qui surmonte ici chaque habitation. C'est une pierre enchâssée dans les autres pierres qui forment le mur au dessus de la porte de la maison. Celle-là est bleue, et elle marque l'année de finition de la maison, parfois avec un dessin ou une inscription en plus. 2 juin 1884 est marqué ici. Ceci étant, la maison a été finie de reconstruire en 1984. Et depuis, les améliorations n'ont jamais arrêté.

Nous découvrons lorsque Didi allume le feu dans la cheminée, le Bouffadou (www.123lozere.com/1f519_bouffadou.html), un bizarre instrument qui permet de donner de la vigueur au feu : une branche de sureau qu'on évide pour souffler sur la braise. Didi va nous enchanter dès le lendemain en nous faisant participer à la conception de deux Bouffadous SL700277que nous emporterons avec nous à la fin du séjour. Cela n'a l'air de rien, mais il faut trouver la bonne branche, la couper (avec ou sans poignée) et ça c'est l'affaire de Didi, puis enlever l'écorce de façon à mettre à jour la beauté blanche du bois (ce sont les filles qui s'y mettent) et enfin évider le bois en enlevant la pulpe qui est au coeur du rameau (Didi explique à Phiphi qui trouve le courage de poursuivre !). On fait ça avec une perceuse au début puis avec une mèche de façon à repousser la moelle qui finit par sortir de l'autre côté, douce et élastique. Au total, on a un bout de bois vachtément pratique qui sert dès qu'il faut souffler avec précision sur quelque chose : un feu en général.SL700471

La soirée se passe tranquillement devant le feu qui crépite, à discuter.

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