Les grèves, le mystère du salaire de Nicolas Sarkozy
La lettre d'@rrêt sur images, n° 8
« Pourquoi vous ne bloquez pas les voies ? » Voilà ce que les équipes de télé demandent habituellement au président d'une association d'usagers du train, M. Louis Gomez.
Pas d'image-choc, pas de reportage !
L'association de M. Gomez se bat depuis 17 ans contre les retards de la SNCF sur la ligne Paris-Mantes la Jolie. Elle n'avait eu qu'une seule fois les honneurs du Journal Télévisé.
Cette semaine (merci la grève !) M. Gomez a joué deux soirs de suite au 20 Heures de TF1 le rôle de l'usager en colère. Il n'est pas dupe. Lisez ici son témoignage (1).
Autre chose. Vous avez certainement entendu parler de l'augmentation de salaire du président de la République, Nicolas Sarkozy.
Vos médias vous ont d'ailleurs indiqué des chiffres différents. Pour les uns, 140% d'augmentation. Pour les autres, 172%. Pour d'autres encore, 206%. Qui dit mieux ?
Ces différences nous ont intrigué. Et ce que nous avons découvert,
c'est qu'il n'existe aucune source fiable, indiquant à la presse le
montant exact du salaire du président de la République.
Parmi tous les médias qui ont publié ou diffusé des montants ou des
pourcentages, aucun n'a eu l'idée de poser la question ... à la
présidence, voire (quel sacrilège !) au président lui-même.
Etrange pays, dans lequel le salaire du président est tellement tabou
qu'il ne vient à l'idée d'aucun journaliste d'interpeller l'intéressé
lui-même !
Par ailleurs, vous avez lu ou entendu que le budget de l'Elysée a
triplé. Vos chers médias, toujours les mêmes, vous ont expliqué que ce
triplement s'expliquait par un souci de « transparence », des budgets
éparpillés jusqu'alors ayant été regroupés.
Mais personne n'a rappelé que la même « transparence » et la même
ardente nécessité de regroupement avaient déjà été invoqués, sous la
présidence Chirac, pour expliquer un...quintuplement du budget de
l'Elysée entre 2002 et 2004.
Heureusement, nous avons de la mémoire, et des archives. L'enquête,
très complète, d'Aurélie Windels, est
ici (2).
Si nous pouvons enquêter en toute indépendance sur les « oublis » et
les « silences » de vos médias, c'est parce que nous sommes totalement
indépendants. Pour conforter cette indépendance, nous avons besoin de
vous. Abonnez-vous, dès
aujourd'hui (3).
Daniel Schneidermann