CAFE PHILO DU JEUDI 13 DECEMBRE par Philippe
On se plaint toujours de ne plus avoir le temps. Ça tient à quoi ?
Les sociologues ont une façon de parler pas bien nette. Moi, je prétends que je n'ai plus le temps. Plus le temps de regarder pousser les fleurs, de me promener, d'aller chez ce copain que je veux pourtant voir depuis des semaines. Je finis par m'en vouloir et par ne plus oser l'appeler...
Je vais donc lui envoyer un SMS. Ou un mail. Et s'il n'a pas de portable ni d'adresse électronique, il rejoindra tous les projets que j'ai conçu qui, manque de temps, ont fini à la poubelle de ma conscience.
Mon sociologue favori m'explique qu'il existe un temps objectif
,
qu'on ne parvient qu'à mesurer : c'est l'emploi du temps qui me force à
être à 8 heures à tel endroit. Quel autre choix ai-je ?
Mon sociologue ajoute à ce temps objectif
un temps
social
: alors quoi, non seulement j'ai un emploi du temps de
dingue, il faut encore que j'y ajoute un temps
social? C'est quoi un temps social ?
Moi, je me souviens de mon enfance où les cloches de l'église me donnaient le temps de la journée. Je me souviens aussi de mon père qui rentrait du boulot après que j'ai fini mes devoirs. C'est ce genre de choses qui rythmaient ma journée.
C'était ça, mon temps social, c'était mon temps à moi, mon rythme à moi. Vous avez eu le vôtre, vous l'avez habité.
Le temps n'a pas changé, une journée continue de faire 24 heures. Pourtant je n'ai plus le temps. Vous n'avez plus le temps non plus. Vous faites quoi de votre temps ?
On déraille.
A qui la faute ? A moi ? A vous ? Et puis surtout, est-il vraiment vrai qu'on n'a plus le temps ?