Aujourd'hui j'ai reçu ce mail qui m'a touchée, bouleversée. C'est un juif qui écrit, il s'appelle Serge Grossvak. Il traduit ce que je ressens devant cette guerre qui est une infamie. Des innocents meurent, un peuple est décimé au nom de quoi ?
"Je suis juif, et aujourd’hui j’ai honte.
Je suis juif et j’entends ces bruits, ces bombes, ces
souffrances qui hurlent. C’est l’histoire qui me revient pour m’éclater à la
face. L’histoire que mes parents m’ont légué pour honnir la guerre honteuse. Je
suis juif et je vois le sang, le sang qui coule sous les bombes comme à
Guernica. Je suis juif et je sais la révolte désespérée contre l’étouffement et
la famine du ghetto de Varsovie. Je sais l’indifférence absolue qui précédait,
comme à Gaza.
Je suis juif et je suis frère de racine et d’histoire de ces
hommes d’Israël. Ces fils de victimes
adossant aujourd’hui l’armure des bourreaux. Quelle honte, quel désespoir de
voir ceux qui ont tant souffert, qui ont été tant terrorisés, n’engendrer de
leur passé qu’un abomineux dédain pour l’âme humaine !
C’est à désespérer. Est-ce la victoire posthume d’Hitler que
cette sauvagerie distillée ? Est-ce sa victoire que ce reniement de
l’humanisme ? Ah ma mère ! Je me souviens lorsqu’enfant tu me fis
l’apprentissage de ce gardien d’immeuble qui vous avait averti, il était
communiste, puis de ces religieuses vous extrayant d’un Paris devenu trop
dangereux. Ah ma mère ! Je me souviens de ce poème d’Aragon où le
résistant arménien avait pour derniers mots « vive le peuple allemand »
devant les Nazis qui allaient l’achever. Ma mère, où se cache aujourd’hui la
dignité de nos frères d’Israël ou de notre famille aveuglée de haine et de
conquête ? Ma mère, il était dur de naître en portant les souffrances de
vos vies, mais les enfants d’aujourd’hui vont devoir affronter bien pire :
la honte !
Gaza martyr, Liban martyr, Jenine martyr et rien d’autre ne
vibre dans leur âme qu’un énervement et une volonté de soumettre ! Que
leur demeure t il de sens humain ? N’auraient ils plus qu’un Bush dans les
os ?
Les palestiniens perdent leurs chairs, leur sang, leur
terre.
Les juifs perdent leur âme, aveuglément engagés derrière l’État
d’Israël.
L’horreur s’ajoute à l’horreur sans jamais permettre
qu’émerge une étincelle d’intelligence. L’intelligence, la bonne intelligence….
La Paix ! Cette Paix qui en tout lieu du monde a la même science :
celle du respect partagé. Cette Paix de Kant pour tous les peuples de la terre.
Ce respect est honteusement dénié en affamant, en
occupant, en excluant, en dominant. Ce déni qui légitime la rage et fait
monter les haines. Ce déni qui rend impossible la fin des armes et des
souffrances. Ce déni qui nous plonge dans un massacre récurent où la vie n’a
plus la valeur d’une vie.
Le respect, c’est le Droit, partout dans le monde. Le
respect, c’est Israël entrant dans la Loi du monde, comme tout le monde. La Loi du monde délimite des frontières depuis
40 ans. Au-delà de ces frontières rien n’est à régenter, à occuper. Des
frontières où commence la liberté des autres. Des frontières, tout simplement,
comme partout dans le monde. Des frontières pour que monte le respect, premier
pas, tout premier pas des humains.
Pour que demain les peuples partagent leurs rêves et que les
frontières soient une invitation amicale aux rencontres.
Serge GrossvakGrossvak 07/01/09"