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Le blog de Martine
16 janvier 2007

Comment on casse un verre de lampe pour découvrir un monde merveilleux

Il y a de ça quelques semaines, Philippe le maladroit a fait un geste malheureux et a brisé le verre d'une lampe à pétrole qui trône chez moi depuis quelques années. Cette lampe vient de chez maman, qui a du l'acheter en Alsace ou en Allemagne et elle est très décorative. Un jour peut-être, on en reviendra à s'éclairer avec ce genre d'ustensiles... Toujours est-il que le verre se brise et que nous voila bien embêtés. Que faire, où aller ?

Google est notre ami, il nous met sur la piste de M. ARA qui tient boutique du côté de Port Royal à Paris. Il est mi-boutique de lampes-verres-et-accessoires et mi-musée. Après un premier contact par mail qui nous indique de venir munis du précieux objet, nous nous mettons en route avec la lampe sous le bras (bien empaquetée et protégée parce que quand même, c'est pas une brosse à dents !), nous voilà au RER Port Royal.

On met quelques minutes à repérer la rue Flatters et à y aller en croisant les agents municipaux qui nettoient à coups de jets d'eau les traces du marché matinal, et nous voila quittant le boulevard bruyant pour une ruelle tranquille où nous trouvons la boutique "Lumière de l'oeil", une adorable devanture façon modern'style qui incite à la balade.

Là, nous rencontrons Monsieur ARA  un passionné de lampes à qui nous exposons notre cas et notre lampe. Il étudie l'objet et l'admire, la lampe aurait environ un siècle, il évalue cela en fonction de la molette qui règle la hauteur de la mèche. Au passage, il prend en photo la molette car elle lui semble intéressante à faire circuler dans le réseau d'amateurs auquel il est affilié.

Nous passons un moment à évaluer les différents types de verres et de globes qui pourraient convenir à notre objet. Le choix est pléthorique, mais hélas les prix aussi. Nous convenons que le verre doit être de qualité, mais pour le globe, nous nous contenterons aujourd'hui d'un produit standard actuel et nous reviendrons dès que nos moyens nous permettrons d'acheter un globe d'origine. Il faut comprendre qu'évidemment, ce sont les parties les plus fragiles des lampes qui sont les plus difficiles à trouver de nos jours : les globes...

Puis nous passons dans le musée, et nous y découvrons des objets délicats, subtils, amoureusement façonnés par des experts de la lumière. Ces lampes, décoratives aujourd'hui, ont été conçues dans un objectif utilitaire puisqu'il s'agissait d'éclairer des maisons, mais elles ont également un rôle esthétique magnifique. Nous sommes restés un bon moment à admirer la subtile harmonie de ces lampes dont le maître des lieux nous a dit que cela n'était rien, car elles étaient éteintes. En effet, c'est lorsqu'on les allume que toute leur magie peut se donner au regard des visiteurs.

Nous avons rééllement découvert un univers sensible fait d'harmonie et de beauté pure après un désastre domestique. Il paraît que parfois, malheur est bon...

Mais comment s'éclairait-on avant ? Je remercie Monsieur ARA qui, grâce à la documentation qu'il m'a donné, me  permet de rédiger cet article.

Passant de la chandelle et de l'huile au gaz, puis au pétrole, l'essence, l'alcool, l'acétylène et bien d'autres carburants à usage plus ou moins répandu, les fabricants de lampes se livrèrent un combat sans merci. L'électricité, utilisée à partir du 19e siècle dans les lampes à arc, puis dans les ampoules incandescence, a suscité des sursauts d'innovation auprès de ses concurrents dont certains répondirent par des progrès parfois inattendus dans le rendement lumineux de leurs techniques ou dans l'abaissement du coût de revient de la "bougie"lumineuse ou même dans le confort d'utilisation des différents dispositifs.

L'HUILE : les huiles végétales et plus rarement d'origine animale furent utilisées depuis les temps anciens à des fins d'éclairage. Les récipients étaient rudimentaires en pierre, terre cuite, bronze, verre etc. Ils étaient remplis d'huile (olive, colza, glands, faînes, oeillettes), le règne animal fournissait un complément à ces sources végétales : huile de lard ou de baleine. Avant le progrès scientifique la mèche en fibre végétale ou animale trempait dans ce carburant. Encore de nos jours, dans des lieux de culte on utilise souvent une épaisse couche d'huile surnageant sur une plus grande quantité d'eau, la mèche étant maintenue par un dispositif appelé flotteur. Les mèches étaient en coton, lin, laine, racines de certaines plantes. Par la suite les ferblantiers réalisèrent l'importance de l'oxygène pour la combustion du carburant et fabriquèrent de nouvelles mèches. Elles furent tissées et plates (vers 1775) ce qui permettait l'accès de l'oxygène jusqu'au coeur de la flamme pour une combustion plus complète. Des lampes adaptées à ces mèches furent conçues, des mèches tubulaires et le verre de lampe furent introduits par  Aimé Argand sous le nom de bec à double courant d'air.  Des systèmes de réglage de la mèche furent développés.

LE GAZ Les chinois utilisaient le gaz naturel il y a 2000 ans, il était capté par des tuyaux de bambou, alors qu'au Moyen Orient des temples de feu étaient alimentés par les émanations de gaz naturel des sources sur lesquelles ils étaient construits. Certains de ces temples sont toujours en activité.

L'Occident a découvert à la fin du 18 siècle les propriétés du gaz.  Minckelers à Louvain (1783), Murdoch à Redruth en Cornouailles (1792, et Philippe Lebon en France 1796, ont découvert un gaz inflammable en partant de matières premières différentes (houille pour les deux premiers, sciure de bois pour le troisième). Le premier était missionné pour découvrir un gaz plus léger que l'air à température ambiante, le second avait pour seul but l'éclairage et le troisième avait réalisé qu'avec le gaz il pourrait éclaire, chauffer et cuire le repas. Il a déposé un brevet pour un moteur à gaz qui ne fut réalisé que 60 ans plus tard.

Vers le milieu du 19è siècle Robert Bunsen inventa le bec portant son nom qui permettait de produire une flamme bleue très chaude non lumineuse. Elle est encore utilisée aujourd'hui dans les appareils de cuisson, de chauffage ou d'eau chaude. Le manchon fut découvert par Carl Auer von Welsbach, élève autrichien de Robert Bunsen .L'éclairage au gaz bénéficia d'un sursis face à l'ampoule électrique.

LE PETROLE Il est connu des anciens à des endroits du globe où il affleurait sans que l'on ait besoin de forage.  Des vestiges trouvés en Mésopotamie et en Egypte laissent supposer une activité de distillation.  Au début du 19è siècle, des essais d'éclairage avec du pétrole brut eurent lieu à Gênes et en Galicie (Pologne). On y a utilisé des lampes à huile modifiées. En 1850 on découvrit des puits de pétrole aux Etats-Unis et le développement des techniques de raffinage. Des becs spécialement conçus furent commandés auprès des grands lampistes viennois et des imitations et modèles améliorés virent le jour sur le sol américain puis furent exportés vers l'Europe vers 1860 et fabriqués en Europe à partir de 1863.

Des nouveautés visant à simplifier la fabrication et le fonctionnement des becs furent introduites dès les années 1865 : standardisation des filetages entre le bec et le réservoir, mèche plate arrondie permettant la passe du courant d'air central par une échancrure latérale, disque déflecteur évasant la flamme, systèmes de levage pour l'allumage de la lampe, étouffoirs de toutes sortes pour l'extinction. Enfin, le manchon à incandescence fut à son tour appliqué à la lampe à pétrole. Un verre de grande taille et un bec très ajouré laissant passer la quantité d'air nécessaire à la formation d'une flamme bleue permirent d'atteindre la température nécessaire à l'incandescence d'un manchon assez similaire à ceux en usage dans les becs de gaz.

LES AUTRES CARBURANTS : le gazogène, l'essence, l'alcool, l'acétylène

Le gazogène de Robert utilise un mélange d'alcool et d'essence de térébenthine. Les lampes à essence fabriquées par Mille, Gardon et Pigeon utilisent une mèche tissée en forme de coton. L'acétylène fut aussi mis en bouteille, sous pression ou en solution dans l'acétone (système Magondeau) . Les becs à acétylène reprennent les mêmes formes que les bacs à gaz de ville, mais certaines ouvertures sont doublées d'une prise d'air pour éviter les dépôts de charbon aux abords des trous.


Pour le plaisir des yeux allez visiter le site de M. Ara.

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Commentaires
M
Non je ne l'ai pas puni car sans cela je n'aurais pas découvert cette magnifique boutique ni M. Ara et tu n'aurais pas eu d'artcile à lire !
F
Quel maladroit ce Philippe, j'espère qu'il a été privé de dessert.<br /> <br /> Quelle bonne idée d'avoir fait des photos de la boutique.
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